Violence maraîchère

Publié le par Catherine Lama

Comme chaque week end, samedi dernier je me suis rendue au marché de Cayenne.  Rituel obligatoire pour moi après mes 2h de vélo et un rapide ménage.
Chaleur,  odeurs, couleurs, rencontres, j’aime le pittoresque de ce lieu. Certaines fois,  il m’arrive de repartir au bout de 10 mn, le sac à moitié vide parce que fatiguée ou trop agressée par la foule. Bref, en principe c’est no stress, pas d’obligation d’achat quand l’envie n’est pas au rendez-vous et papotages entrecoupés de rires au hasard des rencontres.

Vous l’avez compris, faire le marché répond à une obligation alimentaire mais participe également à ma recharge hebdomadaire  de convivialité.

Ce jour là, j’avais dans la tête d’acheter mes fruits de la semaine : oranges, mandarines, papayes et bacoves. Je commence mon tour. Pas de papayes, tiens du melon. Je goûte et achète, dédaigne des maracudjas trop fripés,  récuse des concombres rachitiques, trouve de belles bacoves, cède pour des oranges dont la verdeur suggère l’acidité. J’arrive devant un étal couvert d’avocats. Impossible d’en trouver un à mon convenance (à maturité pour une entrée le dimanche). Je renonce et j’acquiesce à la remarque d’une autre acheteuse  « en Guyane, l’avocat est un aliment de luxe ». A 6€ le kg on ne peut pas dire le contraire ! 

Cette dame s’arrête devant des mangues : « Elles sont sans fil » demande t-elle à la vendeuse qui répond oui. Je ne peux m’empêcher de remarquer «  Ca m’étonnerait, ce sont des mangues St Michel ».
La vendeuse m’apostrophe violemment « n’importe quoi vous ne connaissez rien, elles sont sans fil ! ». « Demandez-lui d’en couper une » je rétorque en m’éloignant. Et là j’entends « Imbécile, pour qui vous vous prenez … », je me retourne et insiste « Coupez un morceau alors » elle poursuit, « Espèce de raciste … ». Je fais mine de revenir et soudain me vient à l’esprit que je ne suis ni une marchande de poissons, ni une marchande tout court. Je renonce à participer à une escalade de violence verbale pour un motif aussi dérisoire face  à une épidermique complexée experte en mots fleuris contre laquelle j’aurai combat perdu.
Je termine ma tournée en achetant des mandarines « pas terribles » chez une laotienne qui acquiesce en riant à ma remarque «  c’est vrai mais la saison se termine ».  

En rentrant chez moi  je revis l’incident en me demandant pourquoi une revendeuse haïtienne m’avait traitée d’imbécile raciste ! Devons nous être forcément les dupes de service et pourquoi tant de violence en l’espace de quelques secondes…

Enfin, je n’ai déjà plus de bananes … je vais retourner m’approvisionner au marché de Cayenne samedi prochain, heureusement j’ai un manguier en fleurs dans mon jardin qui va me donner des mangues sans fil.

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